Bien que manger soit une nécessité, la nourriture occupe aujourd’hui une place bien plus large que juste le fait de combler ce besoin physiologique. La nourriture est ainsi au centre de nos fonctionnements sociaux : fêtes familiales, repas entre amis, repas d’affaires,… Au-delà de cela, il existe un lien très étroit et indéniable entre nos émotions et l’alimentation. Qui ne s’est pas un jour jeté sur la tablette de chocolat ou un pot de glace suite à une déception amoureuse, une réunion horrible avec son boss ou encore pendant les révisions d’un examen ? Mais pourquoi a-t-on besoin de compenser par la nourriture lorsqu’on a des hauts et des bas ? Et comment arriver à réprimer cette mauvaise habitude qui a tendance à faire grimper l’aiguille de la balance ?
Un article sur le sujet nous a tout particulièrement intéressé dans les pages du FémininBio Magazine* de mars / avril actuellement en vente en kiosques et magasins bio.
Un lien entre émotions et alimentation qui remonte à notre enfance
C’est dans l’enfance que se développer le lien entre alimentation et émotion. Très souvent les adultes composant l’entourage d’un enfant vont conditionner la nourriture à l’attitude de ce dernier. On rencontre souvent deux types de liens : la nourriture comme récompense et la nourriture comme réconfort.
Dans le premier cas, la nourriture viendra « récompenser » un comportement : « Si tu es sage, je te donne un bonbon » ou au contraire : « Tu as désobéi, tu seras privé de dessert ».
Dans le deuxième cas, la nourriture est utilisée pour « consoler » l’enfant. Qui n’a jamais reçu un bonbon après s’être fait vacciné ou s’être fait mal en tombant ?
Dans les deux cas, l’enfant reçoit souvent des aliments sucrés qui vont être très rapidement associés à des émotions très précises. En grandissant, ces aliments vont venir nous rassurer, nous réconforter ou nous récompenser. A contrario, il est fréquent que des émotions comme la colère ou la tristesse nous coupent l’appétit!
La nourriture incarne également souvent, de manière inconsciente, l’attention voire l’affection d’un parent (souvent la mère) et peuvent ainsi devenir des substituts lors de l’absence d’une personne chère ou combler un vide affectif.
Le sucre, générateur de plaisir
Le lien entre la nourriture et notre état émotionnel n’est pas seulement lié à notre inconscient et aux souvenirs de notre enfance. Parfois, c’est aussi une question de chimie. Par exemple,cette envie presque irrépressible de plonger dans le pot de glace ou de se faire une énorme tartine de pâte à tartiner en cas de gros coup de blues… Cela vient d’un besoin chimique ou plus exactement hormonal.
En effet, la consommation de sucre et de produits sucrés déclenche rapidement un sentiment de plaisir et de bien-être immédiat en provoquant la sécrétion de dopamine dans le cerveau. La dopamine est la fameuse “hormone du plaisir” impliquée dans le circuit de la récompense. Cette même consommation de sucre diminue brièvement la sécrétion de cortisol ou hormone du stress.
Deux inconvénients cependant : tout d’abord, cette modification des sécrétions hormonale reste assez brève. Ensuite, les études montrent que les personnes qui consomment fréquemment des produits sucrés, développent une résistance à l’effet de la dopamine. Cela signifie que plus vous mangez des produits sucrés, moins vous ressentirez la satisfaction et le plaisir qui s’ensuivent. Résultat : vous devrez manger de plus en plus de sucre pour avoir le même résultat initial…
Comment arriver à gérer ses émotions autrement qu’avec l’alimentation ?
Si nous ne pouvons pas arrêter les émotions qui nous traversent, en revanche il est possible, et souhaitable, d’éviter que ces hauts et bas émotionnels ne se traduisent en prise de nourriture…et donc en kilos sur la balance. Voici quelques astuces :
Lorsque vous avez envie de vous ruer sur un aliment, que ce soit une sucrerie ou tout autre chose (chips, cacahuètes,…), essayez d’identifier l’émotion ou les émotions qui vous traversent à ce moment-là. Est-ce du stress ? De la peur ? De l’ennuie ? A moins que ce ne soit de la solitude ? Vous pouvez également noter sur un carnet, que vous garderez toujours avec vous, ce qui est à l’origine de cette émotion ainsi que son intensité (sur une échelle que vous aurez au préalable définie).
Une fois cette émotion identifiée, essayez de comprendre son origine et pourquoi elle est difficile à vivre. Ne vous jugez pas, acceptez que cette émotion vous traverse.
Enfin, essayez de mettre en place une autre stratégie pour vous aider à gérer cette émotion autrement que par la prise de nourriture. Cela peut-être de boire un verre d’eau ou une tisane, de sortir prendre l’air pour vous détendre, de mettre en place un petit rituel de bien-être (3-4 minutes de respiration en cohérence cardiaque, par exemple…) ou toute autre chose. Vous trouverez également quelques astuces dans notre précédent article. Le but n’est pas de fuir l’émotion, mais de trouver un autre moyen de la gérer. Si vous voyez une émotion revenir sans cesse, n’hésitez pas à vous faire accompagner d’un spécialiste pour vous aider à la gérer de façon plus globale et plus efficace.
Le petit conseil pour la fin
Pour vous aider, je vous recommande de commencer par faire le tour de vos placards et tiroirs afin de les vider de tous les produits de grignotages qui peuvent s’y trouver et de faire notamment la chasse aux sucres cachés (sodas, jus de fruits, produits industriels transformé,…). En limitant ainsi les tentations inutiles, vos nouvelles résolutions n’en seront que plus faciles 😉
Et vous, est-ce que vous avez tendance à grignoter ou à vous jeter sur certains aliments lorsque vous ne vous sentez pas au mieux?
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Sabrina Marnet-Letellier, Praticienne en nutrition & micronutrition – https://naturmove.fr